samedi 14 décembre 2013

Aux portes de l'hiver






La question est : (selon Madame-la-Mouche)


Je m'en doutais, elle est revenue, en fine mouche, histoire de vérifier où en étaient mes réflexions. Elle me parla de l'hiver tout proche, de la cache qu'elle s'était réservée pour se calfeutrer, accompagnée de quelques copines et laisser passer les grands froids. Mine de rien, elle évoqua le temps qui passe, le temps qui court puis comme à son habitude, elle lâcha le morceau au moment où je ne l'attendais pas.
— Tu sais, me dit-elle, mes copines et moi faisons partie des costaudes, on s'habitue, on s'adapte, on résiste, mais vous les humains qui savez tout, est-ce que vous vous êtes posés la question de savoir si le monde que vous fabriquez vous sera favorable, agréable, doux à vivre?
Sur ce point d'interrogation, elle prétexta une visite urgente et disparu me laissant tout con, assis sur le talus.

L'hiver, les mouches se regroupent en petite colonies, accompagnées d'autres insectes et gastéropodes et se calfeutrent sous des écorces ou autres fissures.


Madame-la-Mouche fait des bulles... On a, à ma connaissance , jamais expliqué de façon claire ce comportement. Comme souvent, dans ces cas de figure, plusieurs hypothèses plus ou moins réalistes, alors forcément, je place la mienne, simplement pour le plaisir : Madame et Monsieur mouche sont joueurs!


Les copains et copines du mur du fond du poulailler de chez Lucette


De ce long mur exposé plein sud, je n'en explore qu'une quinzaine de mètres, les jours de Mistral où toute une petite faune vient se réchauffer au soleil. Beaucoup de mouches de diverses espèces, papillons et punaises, des criquets aussi, plus évidemment tout ce que je ne vois pas soit par distraction, soit à cause de ma mauvaise vue ou encore que je sois passé au mauvais moment, petites bêtes dont je ne vous parlerais pas, forcément.
Situé tout au plus à deux minutes de la cuisine (je pourrais bien dire une minute et demie, mais je dois marcher contre le vent), il est idéal lorsque je n'ai as le temps de monter à la Madone ou de rejoindre la lisière du bois de St-Quentin. Parfois lorsque je reviens, n'ayant pas vu passer le temps, je m'aperçois que des personnes sont passées en mon absence... Elles reviendront, ou pas.
D'une manière générale, je me suis aperçu qu'il était bien plus profitable de surveiller régulièrement un endroit que je connais bien et que je sais productif que de courir par monts et par vaux à la recherche d'une hypothétique bestiole.

Pour commencer, le mur : un mur "normal" ni vieux ni neuf, juste ce qu'il faut du temps pour que fissures et patine aménagent la place pour la petite faune.


Le Vulcain est un hôte régulier du mur, je le vois aussi ailleurs, dans les endroits bien abrité, se chauffant contre une grosse pierre.



Le roi du mur, juste avant que le sommeil hivernal le prenne, il y a quelques jours.


Exposition plein sud égale criquets ; diverses espèces dont cet Oedipode de quatre pattes et demie, une image de novembre, donc la date de péremption est proche pour cette espèce.


Par contre l'Oedipode automnal pourra chanter tout l'hiver si le cœur lui en dit.



Avec les Tetrix, on change d'échelle, de centimètres on passe à millimètres et le mur banal se transforme en gorges profondes, montagnes collines et déserts. L'observateur apprendra la patience, le découvrir dans son univers nécessite une grande attention, mais quel plaisir d'observer ce lilliputien vaquer à ses petites affaires puis s'envoler et disparaître instantanément.

Comme souvent dans le monde animal, l'homochromie est sa principale arme de défense.


Le monde est grand pour ce Tétrix méridional.


Difficile à photographier je ne sais pas trop pourquoi, les images lisibles ne sont pas si fréquentes que ça.


Un petit parmi les petits se lance à l'assaut de la muraille.


D'autre bêtes aussi : une punaise chasseuse (Réduvidé), importunée par ma présence, est allée se réfugier dans une grotte.


Le langage scientifique continue vaille que vaille à nommer en latin, habituellement pour que tout le monde comprenne j'évite de le faire, mais pour cette jeune punaise, c'eût été dommage de vous priver de Strictopleurus punctatanervosus...


Un peu de rouge avec cette Punaise écuyère.


Psyché, une étrange famille de petits papillons dont la chenille vit dans un fourreau. A l'état d'adultes, seuls les mâles auront des ailes, la femelle ressemblant à un ver dodu et liée à son fourreau se contentant de s'accoupler, de pondre et de mourir dans la foulée.
Ici, une chenille escalade le mur.


Comme parfois avec les insectes courants, on ne les voit pas souvent, comme ce Fulgoroïde, la Cigale bossue.


Ailleurs


A part dans les endroits privilégiés, peu d'insectes seront visibles avant les premières éclosions, probablement aux premières douceurs de février-mars. Mais ces endroits privilégiés existent...

Pour commencer, un Criquet égyptien prend le soleil sur le tronc d'un vieil olivier.


Et non loin de là, une Brunette se chauffe sur une pierre.



Et voilà, ce sera tout pour cette foi. A tous je souhaite de joyeuses fêtes, Jacques.



mercredi 20 novembre 2013

Automne

L'automne méridional n'a pas la luxuriance des arrière-saisons nordiques, c'est plutôt un lent glissement vers l'hiver. Le temps est plus mou, plus humide, traversé par les fulgurances du Mistral annonciatrices des transparentes lumières hivernales.
Mes petits compagnons disparaissent espèce après espèce, les uns se cachant, les autres laissant la place à leur progéniture. Oh, il y aura toujours un coin bien abrité où, aux heures les plus chaudes certains profiteront de quelques rayons de soleil, mais le gros de la troupe attendra le printemps pour pointer le bout d'une antenne.


Le soleil se lève derrière Castelnau.


Les Grèses à midi : tout est gris, immobile.


Un peu de couleur tout de même sur le Plaqueminier,


ou le Cornouiller sanguin.


Ces-bêtes-qui-piquent....

Les espèces prédatrices n'ont pas bonne presse, presque toujours précédées de rejet, phobie et autres sentiment peu favorable conduisant généralement au définitif coup de savate. Pourtant les mangeurs sont tout aussi beaux et passionnants que les mangés, et seule une toute petite minorité de ces espèces peut être considérée comme dangereuse, de plus se sont des espèces rares donc peu susceptibles d'être croisées. Les piqûres ou morsures sont toujours possibles et bien souvent désagréables, mais pour les éviter, il suffit de ne pas fourrer ses doigts n'importe où.
Les araignées sont innombrables et bien souvent minuscules et comme j'ai une très mauvaise vue, je ne vais vous montrer que des grosses bien visibles.... Quoique bien souvent elles savent se faire discrètes.
Il y aurait beaucoup à dire sur ces bêtes, mais je ne les connaît que très peu, donc je me contenterai que de cette information peu banale : Saviez-vous que les araignées peuvent voler? Il ne s'agit que d'un vol "passif", mais c'est un vol quand-même. Pour prendre de l'altitude, elles émettent un long fil dans un courant chaud qui emporte la bête dès que la portance est suffisante. Cette technique permet aux plus petites d'entre-elles (à ma connaissance) de se disséminer et de conquérir de cette façon de nouveaux territoires.

D'août à fin octobre les argiopes prennent de l'embonpoint en prévision de la ponte. Je profite de la disparition progressive de la petite faune qui m'occupait jusqu'alors pour les visiter régulièrement.
Pour commencer, l'Argiope lobée, une magnifique araignée de un à deux cm. sans les pattes.




L'Argiope frelon se comporte pratiquement de la même manière et se voit aux mêmes endroits et à la même période qui se prolonge toutefois un peu plus tard.





Grosses bêtes, grosses proies ; généralement, en fin de saison, les toiles près du sol permettent la chasse aux criquets.



Petit matin humide.



Les dernières images de la dernière de la saison.



Parmis les grosses, un gros, un mâle d'Epeire à dents de scie.



Dès que le costume se fait trop étroit, les araignées muent, ici Zoropsis spinimania à côté de sa vieille défroque. On voit sur le côté du thorax l'ouverture de sortie.


Deux ou trois curiosités


Il m'arrive de temps à autre de croiser une nouvelle tête. Il ne s'agit pas de rareté, mais d'une bestiole qui ordinairement sait se rendre invisible. Elles ont plusieurs stratégies dont la plus simple est de vivre cachée... Mais parfois c'est l'homochromie ou un habile camouflage qui les rend difficilement visibles.

Pour commencer, le Fulgore d'Europe, un petit insecte adepte de l'homochromie.


Celui-ci vient de muer et a laissé son ancienne garde-robe sous la feuille.


Cette punaise, un Réduve masqué, se couvre de poussière et se confond totalement avec son habitat.
Comme souvent chez les réduves qui sont des punaises carnivores, ça pique! celle-là est à manipules avec précaution.


Et pour terminer, le méridional Grillon des cistes.


Et voilà... A bientôt, Jacques

vendredi 18 octobre 2013

Mistral

Ce n'est pas ma main qui tremble, c'est le vent qui fait bouger les herbes.
Et notre monde, pourquoi est-il si agité? Quel est le vent malin qui le bouscule en tous sens? La mouche, elle, s'est bien gardée de me parler du présent, encore moins du futur, elle a bien voulu évoquer notre passé, et même remonter jusqu'à notre passé commun, histoire de modérer mon orgueil, mais pour ce qui est du présent, bernique! Elle m'a toisé de son gros œil rond puis dans l'instant, elle a disparu... Elle reviendra, j'en suis sûr, incapable de tenir sa langue.

Quelques images d'herbes séches et d'escargots blancs qui les escaladent parfois en rangs serrés.


On dit que les escargots grimpent sur les herbes pour échapper au sol brûlant de la garrigue en été, mais quand vient l'automne et que la température baisse, ils continuent à grimper ; je pense qu'ils aiment se faire bercer par le vent.







Je n'ai pas vu que des escargots... Ils étaient en compagnie, ici d'un Mylabre à quatre points.


 Petite Hespérie
 A la toute fin de l'été, j'ai eu la chance de croiser l'Hespérie de la malope, ce minuscule papillon est peu courant et son identification presque toujours sujette à caution. J'ai souvent eu l'impression de le croiser, mais après avoir creusé un peu la chose, le doute s'installait... Cette fois, je suis quasi sûr que c'est lui qui m'a gratifié d'une éclosion en début d'automne.

Vraiment petit, il faut avoir un peu d'habitude pour le distinguer parmi les herbes et ne pas laisser passer la chance.







L'Hespérie de l'alcée est beaucoup plus courante.



Quelques petites bêtes

Pour commencer, l'omniprésent Iule.


Plutôt du genre discret, un couple de punaises filiformes : Chorosoma schilligii.


Une larve de Punaise verte.


Un minuscule criquet, le Criquet pansu.


Mante dans le feuillage de l'Epine du Christ.



Doreus parallelipedus, un cuirassé au bout d'un brin de roseau sec.


 Coccinelle...


 Pour terminer, trois papillons avec dans l'ordre : une Mélitée orangée, une Zygène fausta et pour terminer un petit Azuré commun.




Voilà, ce sera tout pour ce coup-ci, à bientôt, Jacques.