samedi 19 avril 2014

Le goût du lapin sauvage

Il y a peu, j'ai croisé Carlos dans le bois de St-Quentin, lui s'occupant des lapins qui venaient d'être relâchés, moi des papillons. Par ici, quand on s'arrête au gré d'une rencontre on dit : "tiens, j'ai croisé une charrette" ; donc la charrette du jour s'appelait Carlos et au fil de la conversation je lui ai dit avoir mangé un de "ses" lapins chassé par le voisin et délicieusement cuisiné par Christine son épouse, tout ça en bonne compagnie. J'ai eu l'impression que ça lui a fait plaisir. Pendant les quelques minutes de notre conversation, je le voyais se baisser de temps à autre et, lorsque nous nous sommes quittés, il avait cueilli la salade du dîner.


Quelques floraisons

 Les floraisons printanières outre le plaisir de les voir et de les sentir sont des messagères : chacune à sa manière m'indique la présence ou l'imminence d'une éclosion, c'est ainsi que je me repère dans le temps. Ce n'est pas forcément la plante nourricière de la chenille mais surtout celle auprès de laquelle l'adulte aime s'abreuver. Actuellement celle du Thym se termine, c'est celle d'une bonne partie des merveilles du début du printemps, ces touffes denses de petites fleurs mauves pâles et puissamment aromatiques attirent une bonne partie des papillons de cette période et puis il y a les Pervenches, les Cistes, le Chèvrefeuille puis toutes les autres...

Une des nombreuses variétés d'Euphorbe, un vrai garde-manger à nectar qui attire toute une petite faune.


Un jour j'ai croisé cette petite touffe d'une toute petite plante, la Linaire naine.


Les Iris de garrigue, une floraison magnifique et fugace.


Les petits sabots à pointes rouges des Cytises en train de s'ouvrir.


Ne pas oublier les Cistes, bien sûr!


Papillons...

 En ce début de printemps la nature se montre clémente et les éclosions sont précoces et souvent généreuses, j'en ai donc largement profité.

Pour commencer l'omniprésent Tircis, omniprésent... mais joli!


Ici nous avons droit à double doses à propos des Aurores, l'Aurore et l'Aurore de Provence plus petite et plus généreusement colorée, les marbrures du dessous de l'aile forment également un dessin différent.
Pour commencer, l'Aurore.


 Les Aurores de Provence sont très attachées à la Lunetière, une jolie plante qui fait penser un peu à du colza mais en plus fragile, plus élégant aussi ; le papillon y butine, y pond et sait se faire très discret parmi les hampes florales pour s'y reposer.

Le soir, au moment du coucher, quelques mâles se disputent les meilleures places.


 Savoir se faire discret.



Cette année, j'en ai vu se poser sur de l'Erigeron.


A ne pas confondre avec l'Aurore, la jolie Piéride de Cramer.


Un Flambé à contre-jour posé sur un chêne.


C'est aussi un goulu et c'est ainsi que je le surnomme.


Un Cuivré dans la lumière matinale.


Le premier Collier de corail


Un Azuré des cytises après le coucher du soleil.


L'Azuré du thym, un minuscule vif et discret.



L'Hespérie de l'alcée encore dans la lumière du soir.


Une autre Hespérie, celle de la mauve.


Un Thécla relativement courant mais si beau, celui de la ronce.


Le Thécla de l'arbousier avec sa petite tête d'écureuil roux, un méridional beaucoup plus rare dont j'ai trouvé un site, pas très loin de la maison.


Les Sédums, pas encore en fleurs font un joli tapis pour ce Satyre.


Enfin un prince ou une princesse de la garrigue, la Proserpine, un papillon heureusement très protégé.


Voilà, ce sera tout pour ce début de printemps, à tous je souhaite de joyeuses fêtes de Pâques, Jacques.

lundi 17 mars 2014

Valse-hésitation

A force de tergiverser, de me dire : celle-ci je la mets, celle-là pas, de raconter que le printemps est en avance, de fénéanter et de tourner en rond, le temps est passé, la floraison des abricotiers a remplacé celle des amandiers, les éclosions et apparitions se succèdent, le constat de une ou deux absences me préoccupe aussi, enfin bref il est grand temps de vous donner quelques nouvelles de mon petit coin de garrigue.

Quelques floraisons

Avec en tête, les amandiers, c'était il y a une dizaine de jours.











Ne pas oublier la jolie et discrète Véronique


Ni la Barlie de Robert, première orchidée de la saison.


L'Escoule

Pas très loin de chez moi en pleine garrigue coule à longueur d'année  une source fraîche et transparente au débit presque constant, l'Escoule. Les gens du Chabian y ont installé un lavoir, une suite de bassins petits et plus grands, de canaux en pierre et un mazet pour y abriter la source. Ce lieu est très beau et conserve encore l'écho des bruits, murmures et rires des Dames du Chabian ; comme il se trouve au bord de l'une de mes routes favorites de cycliste, j'y fait souvent halte pour m'y reposer et rêver un peu de toute la vie qui l'habitait autrefois.
Le fond moussu des bassin donne à l'eau toutes les nuances allant d'un émeraude profond au vert le plus tendre et abrite toute une petite faune parmi laquelle quelques punaises aquatiques.



Je commence par des Velia sp, une petite punaise qui marche sur l'eau, un peu comme les Gerris, mais d'une démarche moins saccadée.


Les Noctonectes nagent entre deux eaux mais se tiennent souvent tout près de la surface pour y respirer et chasser. Les punaises d'eau sont carnivores et peuvent piquer, parfois assez douloureusement une main trop téméraire, donc il vaut mieux les laisser tranquilles...


Et pour terminer, les bien connues Gerris, qui dansent et tourbillonnent sur la surface.



Petites bêtes

Dans les champs et les bois pas de prise de tête, le soleil brille : on émerge, on bourgeonne, on s'accouple, on se mange... Bref on vit.

Pour commencer, une Brunette ; cette petite libellule passe l'hiver à l'état d'adulte et se montre dès que la température monte un peu.


Par ici, Robert le diable se fait discret, probablement peu amateur du climat méridional, je l'ai vu un où deux jours puis plus rien... C'est pareil à chaque début de saison.



L'Echancré se rencontre plus aisément en cette période mais se fait assez discret le restant de l'année, pourtant ici on a affaire à un vrai méridional.


Un petit mâle tout frais éclos de Piéride de la rave se montre bien entreprenant avec une dame Citron de Provence... Mais quand on est pas de la même espèce, pas facile de se faire comprendre.


Parade nuptiale  du Citron de Provence, le mâle se reconnaît à sa tache orange.



Ces jours-ci, on peut aussi voir chasser la Cicindèle des champs, un joli coléoptère d'une stupéfiante vivacité.




Les Euphorbes commencent à fleurir et les araignées chasseuses se rapprochent du garde-manger ; ici une Oxyopes sp encore bien petite.


Pour finir, un souvenir de l'humidité de cette fin d'hiver...


A bientôt, bon printemps à tous, Jacques.

lundi 10 février 2014

L'eau


Du plus loin que je me souvienne, j'ai aimé et j'aime encore l'eau, alors quand les nuages s'amoncellent et que dans ce pays de soleil les mines se font grises, de mon côté, je jubile. Ce mois de janvier fût une gâterie, un festin de gouttelettes tombées du ciel, faisant jaillir l'eau des avens, bouillonner les sources, courir dans les combes ruisseaux et rivières. Il ne faut pas croire que je suis souvent à pareille fête, certains de ces cours d'eau se font désirer parfois un an, parfois plus longtemps, alors quand l'eau coule et qu'en plus elle se montre généreuse sans tout emporter sur son passage, c'est la fête. Pour bien en profiter, je me suis concentré sur les sources et cours d'eau les plus proches de St-Quentin : le Valorgues tout proche, Bornègre et le Gour de conques un peu plus éloignés, mais pas trop.

Le bouillonnement du Valorgues.







A tout seigneur, tout honneur

 Le plus proche et le seul st-qentinois des trois, le Valorgues ne coule que rarement, on dit dans le village que si le Valorgues coule, on pourra arroser les jardins tout l'été.
Il naît d'un trop-plein de nappe phréatique à L'Aven de Valorgues, une modeste grotte un peu perdue dans les broussailles, passant presque inaperçue par temps sec.

L'Aven de Valorgues sous l'eau.


Le soir, son reflet argenté se glisse au travers des arbres.


Un affluent, le ruisseau des Nouvelles.


Tout en amont, un lacis de petits affluents.


Une source.


L'eau prend possession des lieux habituellement à sec.



Surprise pour ce champignon.


Une Hellébore en fleur sous le courant.


Lumières, jeux d'eau, courants, reflets ont fait mon plaisir durant quelques jours.






 

Bornègre 

 Beaucoup plus connu que le précédent, le ruisseau de Bornègre jouit du privilège d'être franchi sur un pont de trois arches par un aqueduc célèbre qui passe aussi sur le Pont du Gard par un autre pont bien plus connu.
La partie du cours d'eau à laquelle je me suis intéressé est l'endroit où le ruisseau jaillit de la roche et aux sources alentours.

Le jaillissement de la rivière  d'une grotte située à quelques mètres au-dessus d'une vasque.


Déjà un bon débit.


Au bout d'une semaine l'eau suffisemment basse permet d'autres accès.


L'eau ne jaillit plus du rocher et laisse une vasque aux eaux limpides.


Mais l'eau du talweg continue de couler.



D'autres sources aussi.



Ce qui maintiendra un joli cours d'eau quelques temps encore.





Le Gour de Conques

Un joyeau au cœur de la garrigue sur le cours des Seynes.




Epilogue

Pendant que je préparais ce message, l'eau a touché et touche encore durement d'autres régions, je pense aussi à ceux qu'elle éprouve, inonde et chasse.

Fougère et Nombril de Vénus à Bornègre.


A bientôt, Jacques.